L'appel du sang

Univers - The Elder Scrolls V: Skyrim
Personnages principaux - Dragonborn, Vilkas
Paroles - Oh Sing, by The Native Siblings



Evenings we have gathered here, Comfort songs, rows and pairs, To hear the tales of old, Lessons learned, again retold. Oh sing, oh sing my soul. Waters that had once been clear, Are darker now, divert my stare, Visions came in the night, Never seen from my own eyes. La montagne était silencieuse et le seul son brisant le néant était celui du vent soufflant modérément au travers des branchages dénudés et du brasier débutant quelques vigoureux crépitements entre les brindilles déjà noircies de son feu de camp. Le soleil, lentement, se couchait à l'horizon, à l'entrée de la caverne qui lui servait d'abris, il pouvait apercevoir les derniers rayons de l'astre du jour luirent sur la nappe blanche recouvrant le sol gelé. Bientôt, il ferait nuit et la froidure lunaire s'abattrait sur eux comme un mur solide. La valeureux Vilkas n'était pas un homme à avoir froid aisément. Il était né sur les terres glacées de Bordeciel et son corps nordique semblait parfois être immunisé contre les morsures du froid. Les rafales blanches n'étaient plus qu'une brise fraîche pour un compagnon tel que lui et il ne craignait pas les surfaces givrées sur lesquelles il posait ses pieds agiles.

Le loup ouvrit péniblement les yeux et fixa paresseusement les derniers rayons solaires miroitant sur la neige étalée à l'entrée. Il pouvait encore y déceler les quelques traces de pas laissées par leur propriétaire une demi-heure plus tôt. Son partenaire de mission avait quitté rageusement le nid nocturne à la suite d'une dispute dont le compagnon plus âgé devait probablement être l'instigateur. Épuisé à la suite d'une longue journée à escalader les escarpements glacés et montagneux de cette partie du continent, il avait rapidement trouvé de quoi les réfugier pour la nuit à venir et avait immédiatement monté le camp. Installé sur sa paillasse, le trentenaire ressassa les évènements de la journée, du moment de son éveil à la montée sur les pentes givrées. Cette quête ne s'annonçait pas particulièrement difficile au début, seul le déplacement était réellement épuisant. Ils n'avaient rencontrer aucune embûche digne  d'inquiétude sur le trajet, hormis quelques renards qui fuyaient à la vue de ces deux mortels apparaissant sur leur territoire de chasse. Puis, il y avait eu le moment fatidique où ils avaient préparé le campement pour une nuit qui se présageait plus fraîche que la précédente et une conversation impliquant quelques commentaires désagréables, des soupirs désobligeants, quelque chose à propos d'un buveur de lait et une remarque indiquant que Ria aurait été plus apte pour cette mission. À cette dernière mention, son compagnon de quête était sorti de la caverne, prétextant désirer mettre une flèche dans une tête autre que la sienne et trouver à manger sur ces terres stériles. Vilkas n'avait pas ajouté un grain de sel supplémentaire et avait plutôt déposé son postérieur sur sa modeste couchette, laissant le buveur de lait trébucher sur les parois enneigées en solitaire. Ça lui apprendra à questionner son aîné, et cette personne se proclamait enfant de dragon!

Lasse, le loup se défit d'une partie de son armure et s'étendit sur le dos, cherchant un nouveau sujet pour ses pensées torturées. Ses songes n'étaient pas clairs et l'envie d'attraper une créature et la dépecer à goût de canines acérées était toujours présente. La soif de la chasse le rongeait de l'intérieur, testant sa volonté d'être un homme à part entière à chaque seconde s'égrainant telle la poussière au travers du vent. Bercé par les sons du crépitement des flammes sur le bois mort et les ombres dansantes sur les murs gris de la caverne, Vilkas ferma ses lourdes paupières et sombra dans une torpeur peu reposante, car ses rêves étaient teintés du fléau d'Hircine et de larges plaines où sa pitance  l'attendait et où le désir de mordre dans cette chair tendre devenait insupportable.

Le compagnon ouvrit subitement les yeux, le cœur battant la chamade, le front ruisselant de sueur et une main hostile crispée sur le manche de son épée qu'il tenait toujours à portée de main pour des raisons de sécurité. Son cœur tambourinait si fort contre sa poitrine que cela en était douloureux. Ses yeux injectés de sang aux pupilles dilatées cherchaient furtivement une proie à déchiqueter dans cette petite caverne. Le feu à ses côtés n'était plus qu'un tas de braises à peine fumantes. Dans la pénombre, il fouilla autour de lui pour sa gourde d'eau qu'il détecta sans difficulté. Il s'abreuva à grande goulée avant de s'arrêter promptement. Quelque chose clochait et il ne mit pas du temps à comprendre que son compagnon de voyage n'était pas là et n'était jamais revenu de son expédition tardive. Son odeur s'était complètement dissipé et le soleil avait depuis longtemps laissé sa place à l'astre de la nuit. Les rayons d'argent de la lune glissaient furtivement sur la couverture glacée à l'extérieur, quand s'était-il mis à neiger? Un vent froid s'engouffra dans la caverne, réanima brièvement les braises qui moururent à nouveau presque aussitôt. Le loup se redressa, réajusta immédiatement sa tunique, jeta sa lourde cape de fourrure doublée de laine sur ses épaules, s'arma de sa gigantesque épée qui miroitait déjà sous les rayons de la pleine lune et s'élança à l'extérieur. Ce nouvel arrivant chez les compagnons n'était peut-être pas son préféré du groupe, mais il était sous sa responsabilité et jamais il ne pourrait se pardonner de l'avoir perdu à la suite de telles futilités.

Le loup s'enfonça dans la nuit claire, créant un tourbillon de neige dans son sillage et espérant que ses sens de prédateur lui permettrait de découvrir la piste du disparu.